Tennis de table: Balle de match ?

Dans quinze jours à Nice, le SLUC, miné par des soucis financiers, disputera peut-être sa dernière rencontre de N1. Ambiance morose, hier soir, à la salle Jeanblanc.

• SLUC NANCY ET ARGENTAN : 10-10.

NANCY._ Dans l'ambiance feutrée de la salle Jeanblanc, entre deux silences, la poignée d'habitués n'avait qu'une question à la bouche. Quid de l'avenir du SLUC ? Une question à laquelle personne n'est vraiment capable de répondre aujourd'hui. Pas même le docteur Jacques Jeanblanc lui-même, de passage à la salle hier soir, lui qui fut en tant qu'adjoint aux sports (de 1983 à 95) un ardent défenseur du « ping ». Le terrain de jeu des pongistes nancéiens porte désormais son nom. Mais il a peut-être accueilli hier sa dernière rencontre de Nationale 1 (c'était le dernier match à domicile de la première phase)...
Si l'on en croit les dirigeants, l'avenir du club est pour le moins incertain. La cause ? En deux mots, l'association récompensée il y a quelques années en tant que « meilleur club de la ville de Nancy » pour sa montée en Pro B, a dû faire face à une réduction de sa subvention (de 50.000 à 45.000 euros).
Une broutille à première vue, mais sur un budget de 110.000 euros, le coup de canif n'est pas anodin. A tel point que le SLUC, malgré sa bonne santé sportive, envisage aujourd'hui de tourner la page de la Nationale 1 pour retourner vivoter au niveau régional. Un pays où la vie est moins chère... « La semaine prochaine, on va à Nice », soupire le président Philippe Frey. « On ne peut plus assumer les frais de déplacements. Et pourtant, je peux vous dire qu'on ne va pas dans des quatre étoiles... Les repas, c'est chez Flunch et les hôtels... c'est trois ou quatre joueurs par chambre. » Quand il y a hôtel... Récemment, la troupe d'Alain Bagliotto a effectué l'aller-retour à Fréjus dans la journée. Pour limiter les frais, bien entendu.
« Les joueurs ne sont pas des pros », enchaîne l'entraîneur Alain Bagliotto. « On leur donne simplement des indemnités qui vont de 150 à 450 euros par mois à ce niveau. Or depuis le début de l'année 2009, nous ne sommes plus en mesure de leur verser régulièrement. »
« On se sent abandonné »

Les joueurs concernés étant principalement des garçons du cru ou, si ce n'est le cas, des fidèles depuis plusieurs années, ils ont tous choisi de rester à bord du navire, malgré les vagues. Jusqu'à quand ? « Pour moi c'est clair, je ne reste pas dans ces conditions », insiste Nicolas Pujol, au club depuis dix-sept ans. « Nous avons tous des arriérés importants et les conditions de vie du club deviennent pénibles. Je l'avoue, je n'ai plus envie de m'entraîner et il m'arrive de... laisser filer des matches. Lors de notre montée en Pro B, la ville nous avait promis 45.000 euros. Nous n'en n'avons eu que 30.000 et depuis quatre ou cinq ans, nous courrons après les 15.000 euros qui manquent. On se sent complétement abandonné. »
L'amertume est la même du côté de Pierre Bagliotto, fidèle depuis treize ans : « Il y a une réelle démotivation dans l'équipe. Nous n'avons pas d'argent pour recruter et l'équipe est vieillissante. C'est bien simple : quand j'ai commencé à jouer en N1 il y a dix ans, j'étais le plus jeune. Je suis toujours le plus jeune... » Sur toutes les lèvres, les mêmes mots : la balle est dans le camp de la municipalité.
Pour l'anecdote, le SLUC poursuit sa course en tête du classement, malgré le match nul concédé hier soir. Avant de terminer la soirée autour d'un verre de Beaujolais, les joueurs ont eu droit à une douche... froide. Et c'est comme ça tous les week-ends depuis des années.

Thomas SIMON
 
Dimanche 29 novembre 2009, © L'Est Républicain / SPORTS LORRAINE