Le ping « vintage »

Pratiqué avec des raquettes sans revêtements sophistiqués, le hardbat a ses fans en France. Joli pied de nez, quand l'offre matérielle n'a jamais été aussi abondante...

NANCY._ Il ne passe pas son temps à courir les magasins pour chercher le dernier revêtement à la mode, la colle qui donne un peu plus de vitesse à la balle. Francis Leibenguth laisse ça à d'autres. Le Lorrain reste fidèle à sa bonne vieille raquette à picots courts sans mousse, celle qui rappellerait presque les après-midi passés à jouer sur la table familiale, sortie du garage une fois les beaux jours revenus...
Alors que l'offre matérielle n'a jamais été aussi abondante et que les fabricants rivalisent d'ingéniosité pour proposer de nouveaux produits et... faire marcher le tiroir-caisse, Francis Leibenguth a craqué il y a quelques années pour une drôle de spécialité nommée hardbat. Ca ressemble à du ping, ça a la couleur du ping, mais à une différence de taille : ça se joue avec des raquettes à l'ancienne. « J'ai découvert le hardbat il y a six ou sept ans par hasard, sur un site internet américain consacré à cette discipline », raconte le Meurthe-et-Mosellan. « Le principe m'a immédiatement séduit. Dans un premier temps, j'ai essayé de m'informer, de me documenter puis en 2004, j'ai lancé un tournoi de hardbat à Vandœuvre, où je jouais. On a commencé à en parler sur www.tennisdetable.com, le plus grand site francophone sur le ping ; puis j'ai lancé mon propre blog (1)... »
« On fait notre petite cuisine... »

Et petit à petit, le hardbat a pris sa place dans le paysage pongistique français et séduit de plus en plus de joueurs. Peut-être parce que l'absence de matériel sophistiqué rend les parties plus équilibrées et les échanges plus longs et spectaculaires...

Mais combien sont-ils exactement à jouer au hardbat ? « On n'a pas de chiffre exact car on n'a pas d'existence officielle pour l'instant par rapport à la Fédération », explique Francis Leibenguth. « On fait notre petite cuisine, mais si la fédé est intéressée pour qu'on l'intègre, elle nous contactera... Mais on essaie de récupérer et de centraliser tous les résultats des tournois afin d'établir un classement français. Pour l'instant, il y a 300 joueurs classés mais il devrait y en avoir 400 en septembre. »
Un chiffre intéressant quand on sait qu'il y a moins de 800 pratiquants référencés aux Etats-Unis, le berceau du hardbat. Mais pas de quoi pour autant mettre en émoi la fédération française et ses 180.000 licenciés. Même si à terme, le petit essor que connaît le hardbat pourrait bien représenter une piste de développement à explorer pour une fédération dont les licences stagnent depuis le début du siècle...
En attendant, le hardbat grandit à son rythme. A 48 ans, Francis Lebenguth continue de pratiquer ces deux facettes du «ping» (il est licencié à Saint-Max et est classé 60), mais ne compte pas ses heures pour développer le hardbat. Son but ? « Que chaque région ait son propre tournoi », glisse-t-il. Et à terme, que le hardbat se dote d'une compétition internationale d'envergure... « Il y a peu de temps, on s'est déplacés avec deux autres joueurs français pour affronter l'Ile de Man chez elle (2) » raconte-t-il, « J'ai des contacts en Angleterre, mais aussi en Belgique, en Allemagne... Pourquoi ne pas imaginer une compétition internationale et même de véritables championnats d'Europe de hardbat dans les cinq ans ? »
D'ici là, aucun risque que le matériel hardbat ait évolué...
http://hardbat.france.free.fr.
Pour la petite histoire, les deux équipes se sont quittées sur un nul (5-5).

Anthony GUILLE (1) (2)
 
Mardi 23 Juin 2009, © L'Est Républicain / SPORTS LORRAINE