Mission détection

Les championnats d'Europe jeunes qui débutent aujourd'hui devraient sourire aux Tricolores. Le signe que le travail de détection mené par le Nancéien Jean-Denis Constant porte ses fruits...

VITTEL._ Hier matin à Vittel. Dans la salle Richard-Dacoury du Centre de Préparation Omnisports vittelois, une vingtaine de jeunes pousses âgées de neuf à douze ans multiplient les exercices sous l'œil avisé de Jean-Denis Constant. Conseiller technique national en charge de la détection, l'ancien coordinateur de la zone Est et ancien joueur du SLUC Nancy dissèque les gestes de chacun avant de sonner la fin de l'atelier. « On va regarder vos raquettes », lance-t-il aux jeunes, « C'est parfois trop rapide, trop lourd. J'aimerais bien qu'on corrige cela car c'est un problème... »
Tout le monde s'exécute sans rechigner. Malgré une douzaine de jours de stage dans les jambes, la lassitude n'a pas du tout gagné les rangs. Peut-être parce que ces jeunes joueurs et joueuses prometteurs (dont la Dombasloise Pauline Chasselin...) savent bien que s'ils suent et bossent lors d'une demi-douzaine de stages annuels au sein de ce que la Fédération appelle le «Groupe France Détection», ils en tireront forcément les fruits pongistiques.
Car si la France fait aujourd'hui partie du gratin européen chez les jeunes, c'est parce que le programme de détection lancé par la DTN il y a huit ans est une franche réussite. « A l'époque, on accusait beaucoup de retard chez les jeunes », observe Jean-Denis Constant à qui le DTN Michel Gadal a confié cette mission, « L'idée, c'était de les prendre en charge le plus tôt possible et de leur donner de bonnes habitudes rapidement. » A l'image de la Chine où on joue au ping dès le plus jeune âge, la France a donc décidé de «capter» les espoirs un peu plus en amont et de leur proposer des entraînements et stages complémentaires avec le travail effectué au sein de leurs clubs. « On n'a pas voulu copier ce qui se faisait en Chine car ce n'est pas possible », reprend le technicien lorrain, « Mais c'est vrai que je me suis pas mal inspiré des choses qui réussissent dans les autres sports en France comme le tennis, l'escrime... Il y a quelque chose qu'on avait complètement oublié par exemple, c'est la leçon individualisée comme il y en a en escrime. Dans le ping, on avait souvent un seul entraînement collectif. On a donc rééquilibré les choses. »
Mieux que Gatien ?

Et petit à petit, le travail mené par Jean-Denis Constant et la DTN a commencé à porter ses fruits. De jolis fruits d'ailleurs, si on en juge par l'excellente tenue des jeunes pousses hexagonales aux «EuroMiniChamps», cette compétition européenne très relevée se déroulant fin août en Alsace, et aux championnats d'Europe jeunes où jamais la France n'a été aussi forte. L'année dernière à Terni (Italie), les Bleuets avaient par exemple décroché trois médailles d'or (cadets et juniors par équipes, double mixte cadets) confirmant leur lente mais continue montée en puissance.
Alors que la politique de détection menée en France commence à donner des idées aux autres nations européennes, la délégation tricolore composée en bonne partie d'anciens joueurs du «Groupe France Détection» abordera les championnats d'Europe jeunes à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 19 juillet à Prague, en République tchèque avec de grosses ambitions. Surtout chez les messieurs. Avec un rêve qui n'est plus une utopie, décrocher un titre européen en individuel. « Jamais un Français n'a réussi cela, même Jean-Philippe Gatien », glisse Jean-Denis Constant, « Mais c'est désormais possible. Chez les cadets, on a par exemple six ou sept joueurs parmi les douze meilleurs européens dont le numéro un Simon Gauzy. Cela crée une grosse émulation. Un Français peut être champion d'Europe cette année, et si ce n'est pas cette année, cela peut être l'année prochaine... »
Après avoir semé, semé, la France peut récolter...

Anthony GUILLE
Vendredi 10 Juillet 2009, © L'Est Républicain / SPORTS LORRAINE