Le portrait de la semaine: Entraîneuse et passionnée

Vanessa Thouaille vit pour le tennis de table. L'ancienne compétitrice nationale coache désormais les jeunes de l'association sportive des cheminots de Toul Ecrouves.

Dix-huit ans qu'elle renvoie des balles, Vanessa Thouaille.
Depuis septembre dernier, cette jeune marnaise de 28 ans a posé son sac de sport à Toul. Elle entraîne et suit en compétition les jeunes joueurs (de 6 à 18 ans) de l'association sportive de cheminots Toul-Ecrouves tennis de table. La jeune fille est la seule salariée du club, en contrat à durée indéterminée. Les autres entraîneurs sont bénévoles.

Mon père, ce coach

Le tennis de table ? Une vieille histoire d'amour qui commence avec son père. Lui est joueur, lorsqu'elle a 10 ans, il est président et entraîneur à Soulanges (près de Vitry-le-François). Elle le suit à la salle de sports... « Je prenais une raquette de temps en temps. Je pouvais aussi bien aller jouer au foot à l'extérieur ensuite. »
A 10 ans, elle prend pourtant sa première licence et s'engage en compétition.
« A l'époque, on commençait plus tard. Maintenant les enfants jouent à partir de 4 ans. » Elle animera d'ailleurs une section baby-ping pour les 4 à 6 ans, à Toul, en septembre prochain.
La jeune Vanessa gagne facilement ses premiers matchs en tournoi. La première défaite est pour elle très, très difficile. « Je suis une mauvaise perdante. J'étais en compétitions pour gagner. »
A l'époque, elle pratique aussi le tennis. Il a fallu faire un choix. « D'après mon père, on ne s'éparpille pas. Il me fallait bien choisir, car pas question d'arrêter l'année suivante ! »
Elle songe déjà à devenir joueuse professionnelle. Son paternel la met en garde : « Ça va être dur ». 10 à 15 heures d'entraînements par semaine, des stages pendant les vacances... « Ça m'a renforcé ».

Contre un robot

Vanessa Thouaille intègre le club de Vitry-le-François et progresse vite. A 12 ans, elle fait partie des meilleurs régionaux, puis nationaux. « Mon entraîneur me faisait travailler contre un robot et affronter des joueurs plus âgés. En compétition dans ma catégorie, les matchs semblaient faciles. »
Mais la fillette de l'époque résiste mal à la pression. Elle perd ses moyens au fur et à mesure de sa montée dans les compétitions. « Le mental me manquait, je ne finissais pas les matchs ». Son père est derrière elle, il la coache. Avec le recul, elle doute du bien fondé de cette présence. « Il me transmettait son stress. Je ne lui en veux pas, j'étais demandeuse de sa présence. »
À 14 ans, le championnat d'Europe lui passe sous le nez. « Et je n'ai plus existé pour les gens de la Fédération. »
S'ensuivent des problèmes de santé et une interruption d'entraînement de 6 à 8 mois. « Une longue période quand on est jeune ».
L'ado tente un retour. Pas facile. Des kilos en trop, et une rage de vaincre qui la quitte... « A ce moment-là, mon père m'a dit : tu es finie. Je ne me voyais pourtant pas faire autre chose : ma vie c'était le « ping ». Si je n'étais plus joueuse, je devenais entraîneuse. »
La pongiste reprend ses études à bras-le-corps et passe un brevet d'Etat. Entre temps, elle intègre un poste d'entraîneuse en emploi jeune dans son ex-club de Vitry-le-François. Souvenir, souvenir.

Un amour de Lorraine

Cinq ans plus tard, le poste n'est pas pérennisé. Vanessa Thouaille arrive en Lorraine, à Neuves-Maisons, exactement. Et puis, elle rencontre l'amour en Alsace. Il est entraîneur, tout comme elle. Le tennis de table est l'un de leur trait d'union. « Nous en avons la même vision. » Quant à l'avenir... La jeune fille va tout donner pour conserver le bon niveau du club de Toul-Ecrouves (les minimes filles sont championnes de Lorraine. Trois joueuses se sont qualifiées pour les championnats de France). « Ma fébrilité me joue encore des tours quelquefois en tant qu'entraîneuse... Mais j'y travaille. » Vanessa Thouaille travaille aussi pour la Ligue. Elle encadre les stages enfants de perfectionnement. L'apprentissage ? Une passion. « Ça me plaît de transmettre mon expérience. »

Stéphanie MANSUY
Mardi 07 Juillet 2009, © L'Est Républicain / TOUL