Au ping-pong, Barzingault n’y va pas piano

On le savait humoriste, chansonnier ou producteur. Thierry Lhuillier est aussi un pongiste de haut niveau régional. Le confinement l’a même convaincu de se fixer un objectif ambitieux dans trois ans : champion de France des + de 60 ans.

Ceux qui le connaissent bien savent son passé de visiteur médical. Ceux qui l’applaudissent sur scène comme chansonnier ou humoriste mesurent son aptitude de création artistique, ou ses piges ponctuelles de producteur. Rares sont en revanche les aficionados de Barzingault à connaître les talents de… pongiste de Thierry Lhuillier, son nom à l’état civil. À 57 ans, le troubadour du Toulois, enfant croisé des œuvres de Higelin et Thiéfaine, a retrouvé avec soulagement le chemin des salles après le confinement. Il rejoindra bientôt celui des gymnases, où de son propre aveu, le fruit de ses entraînements de tennis de table pourrait se concrétiser. À quelque chose malheur est bon : le bonhomme a mis à profit la mise à l’écart sociale et artistique pour intensifier ses méthodes d’entraînement raquette en main.

Lui qui figurait déjà parmi les meilleurs pratiquants français de sa catégorie d’âge – classé au niveau 17, il est vice-champion du Grand Est – s’est ainsi fixé un objectif ambitieux à moyen terme : devenir champion de France des plus de 60 ans, dans trois ans. Aux footings quotidiens s’ajoutent l’aménagement d’une pièce entièrement dédiée au tennis de table et l’acquisition d’une machine à lancer les balles pour perfectionner les retours de service.

« Un petit côté schizophrénique »
Licencié jusqu’alors à Neuves-Maisons, dans le deuxième club lorrain, Thierry Lhuillier en profite au passage pour transiter dans le club de son ami Mathieu Schroeder à Verdun. « Un club moins ambitieux mais où l’on connaît les valeurs de l’amitié et de la convivialité », raconte celui qui sait les inimitiés accompagnant sa réputation dans le petit milieu de la balle blanche, où la spontanéité rigolarde du trublion bouscule parfois les codes. Lui, passé le concert la veille, fait souvent l’effort de rentrer en camion dans la nuit pour disputer ses matches au petit matin.

D’un univers à l’autre, une improbable transition ? « Il existe un petit côté schizophrénique entre l’émotion de la scène avec le retour d’affection du public et le fait de se plonger dans un contexte du tennis de table qui n’est rien d’autre qu’un mix de boxe (pour le combat) de tir (pour la concentration) et d’échecs (pour la réflexion) ». Thierry Lhuillier, ancien footeux de bon niveau pendant sa jeunesse passée à Villers-lès-Nancy (qui lui a inspiré « Clairlieu », son prochain album à l’automne), plaide au passage pour les vertus de son sport. « Certaines études attestent que c’est bon contre Parkinson et les maladies neurologiques ».

© L'Est Républicain, 12 juillet 2021