« Prithika Pavade, elle avance à la vitesse de la lumière ! », souligne le Vosgien Ludovic Remy, capitaine de l'équipe de France féminine

Le samedi 24 avril au Portugal, Prithika Pavade, seulement 16 ans, et Jia Nan Yuan, bientôt 36 ans, se sont qualifiées pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Une sacrée réussite pour les Bleues et leur capitaine, le Vosgien Ludovic Remy, longtemps fer de lance du Metz TT avant de se lancer dans le coaching.

Elle sera la benjamine de la délégation tricolore aux Jeux Olympiques de Tokyo, du 23 juillet au 8 août. A 16 ans, Prithika Pavade, surdouée du ping, s'est qualifiée lors du tournoi européen de qualification de Guimaraes (Portugal) il y a une dizaine de jours. Un bonheur ne venant jamais seul, elle a été imitée par sa compatriote d'origine chinoise Jia Nan Yuan. Un exploit XXL pour les Bleues. Depuis l'apparition du tennis de table au programme olympique, à Séoul (Corée du Sud) en 1988, seulement cinq Françaises avaient décroché leur ticket en simple. La parole à leur capitaine, le Vosgien Ludovic Remy.

Après un tel week-end, j'imagine que vous êtes encore dans l'euphorie...

« C'est incroyable ! L'histoire se répète. En 2019, on avait remporté les championnats d'Europe cadettes par équipes pour la première fois avec Prithika. Ensuite, en mars 2020, elle avait décroché le titre européen des moins de 21 ans à seulement 15 ans. Je n'ai pas les mots pour qualifier ces résultats... A Guimaraes, on a remporté nos 14 matchs avec Prithika et Jia Nan, en prenant peu de temps morts et sans jamais aller à la belle. »

En sélectionnant Prithika Pavade au détriment de joueuses mieux classées, vous aviez pris un sacré pari. Quelle est la genèse de cette décision ?

« Aujourd'hui, on avance à la même vitesse que les Asiatiques alors que l'objectif de la filière dont est issue Prithika, c'est les Jeux 2024 à Paris. Prithika évolue à son rythme et nous, on essaie de suivre ! On se côtoie depuis qu'elle a 10-11 ans dans le groupe France et on a gagné des tas de trucs ensemble. Elle avance à la vitesse de la lumière. »

Pensez-vous que ses performances vont inspirer toute sa génération ?

« Sa génération, elle l'emmène derrière elle depuis un moment. Ces résultats sont le fruit de tout un projet. Ce travail a débuté en 2014 quand Isabelle Thibaud a repris toute la filière féminine. En 2018, elle est allée chercher Jia Nan Yuan pour mener l'équipe de France. Elle joue au niveau de la quarantième mondiale mais son classement est faussé en raison de la crise sanitaire. Derrière, on a Prithika qui vient de la filière fédérale mais avec un projet individuel. »

On ne peut pas évoquer la qualification de Prithika sans penser à Nicolas Greiner (1)...

« Il a accompagné Prithika jusqu'à son décès. On était rentré du top 10 européen junior, que Prithika avait gagné, une semaine avant qu'il ne décède. On a beaucoup travaillé à trois mais c'était lui le pilote du projet. L'émotion que j'ai eue quand Prithika s'est qualifiée, elle était surtout pour Nicolas. »

Qu'en est-il de la compétition par équipes ?

« On est les premiers remplaçants suite au tournoi de qualification de janvier 2020, mais on ne sait pas comment va s'effectuer le remplacement de la Corée du Nord (le pays n'enverra pas d'athlètes à Tokyo en raison de la crise sanitaire). Si le critère est le classement olympique, l'Ukraine sera choisie mais si c'est le classement du tournoi de qualification, ce sera nous. On attend la décision officielle. »

Propos recueillis par Stéphane MAGNOUX (1) : entraîneur de l'équipe de France junior féminine, il est décédé brutalement en octobre 2017 d'un arrêt cardiaque, à seulement 43 ans.

 © L'Est Républicain, Lundi le 03 Mai 2021 / Sports LO