Un voyage inattendu

Le licencié de Neuves-Maisons, ici avec son partenaire breton Sébastien Douaran, a réalisé des parcours exceptionnels avec un quart en double et une demi-finale en simples

Nancy. « Il est dans la vie des voyages inattendus ». Celui que le pongiste lorrain Jean-Louis Lamarre a vécu au début du mois de mai en Nouvelle-Zélande en est assurément un, dans le pays qui a servi de décor à la fameuse saga du « Seigneur des Anneaux » et du « Hobbit » dont est tirée cette expression.

Car il ressemble fort à un accomplissement de carrière, à la réalisation d'un rêve inespéré. Même si ce passionné de sport ne semble pas décidé à s'arrêter.

Mais avant cela, retour quarante ans en arrière, en 1974. Tout commence à Vesoul, sa ville d'origine, où il débute son ascension fulgurante dans la discipline, intégrant rapidement l'élite nationale en même temps que l'équipe de France. Avec laquelle il dispute son premier championnat d'Europe jeunes à Barcelone dès 1978, où il atteint les huitièmes de finale et se classe dans les dix meilleurs cadets européens. « C'est l'un de mes plus beaux souvenirs », se rappelle-t-il. Et cela aura été le point de départ de son ambition personnelle. Car dès cette époque, son « petit projet intérieur, c'était de faire mieux ».

Ce qui nous ramène au début du mois de mai, quarante ans après une longue et riche carrière qui l'a vu défier les légendes de ce sport comme Jacques Secrétin ou Jean-Philippe Gatien. L'inspecteur Jeunesse et Sports s'embarque alors pour une expédition vers l'autre côté du globe, destination les championnats du monde vétérans d'Auckland, à plus de 18.000 km à vol d'oiseau.

Un périple éprouvant de plus d'une journée qui l'effrayait un peu. Mais qu'il pourra à jamais se féliciter d'avoir effectué. « Ce que j'ai fait là, à Auckland, ça fait partie des trois, quatre meilleurs souvenirs de ma carrière. Voire même le meilleur ! »
Dans l'histoiredu ping lorrain

Car en plus d'un voyage inoubliable au pays grandiose des Kiwis, l'ancien joueur du SLUC Nancy et de Neuves-Maisons a réussi à décrocher un podium en championnat du monde. Soit une place parmi les quatre meilleurs joueurs du globe dans le tableau le plus disputé, celui des 50-59 ans (V2), qui réunissait pas moins de 250 joueurs répartis dans 66 poules !

Le Lorrain d'adoption passait relativement tranquillement la première journée et le cap des poules, même s'il avait dû s'employer d'entrée contre un champion local.

Dans la Trust Arena, rien ne semblait pouvoir arrêter Jean-Louis Lamarre. Coaché par sa compagne Patou, il puisait dans son mental et ses ressources physiques, renforcés par les arts martiaux et les techniques orientales de méditation, pour enchaîner les succès. Il en alignait cinq au cours d'une journée marathon de plus de douze heures, débutée en 64e de finale. Il éliminait ainsi un Singapourien, un Hongkongais et trois Chinois, dont Yaozhong Jin, tombeur du grand favori Ding.

Il devait cependant s'incliner en demi-finale contre son compatriote normand Jean-Michel Carquin, alors qu'il aurait préféré jouer contre un adversaire qu'il ne connaissait pas. « Mais je n'ai pas du tout de regrets », assène-t-il. Car il aura réalisé son rêve d'enfant, entrant en plus dans l'histoire du ping lorrain en devenant le premier médaillé mondial en simple, faisant la fierté de sa famille et notamment de ses enfants Marine, Florian et Tom.

Désormais, un nouvel objectif s'ouvre à cet athlète accompli : remporter le titre suprême aux championnats d'Europe de 2015 à Tampere en Finlande, ou en 2016 aux mondiaux d'Alicante en Espagne. Il sait maintenant ce qu'il lui reste à faire pour atteindre le « Soukha » ; le bonheur en tibétain dont il a fait son cri de guerre.

 
 © L'Est Républicain, Mercredi le 11 Juin 2014 / Sports Lorraine