« Le ping-pong c'est bon pour les guiboles »

Le sport, c'est bon pour la santé ! L'adage est on ne peut plus vrai dans la bouche de Michel Dazy. À bientôt 80 printemps, l'Audunois, pilier du club de Mercy-le-Bas, pratique le tennis de table depuis ses 14 ans.

Première mise au point de la plus haute importance. Non, Michel Dazy n'est pas souffrant ! D'ailleurs, pour le confirmer, ce fringant jeune homme de « 79 ans et huit mois » brandit illico le certificat de son docteur l'autorisant à poursuivre la pratique de son sport préféré : le tennis de table. Bon d'accord, s'il est un peu chagrin en ce vendredi matin, c'est que plutôt qu'au club de Mercy-le-Bas, où il joue à la petite balle « depuis 1998 », c'est chez lui, à Audun-le-Roman, que nous sommes allés à sa rencontre. « Il n'est pas en tenue de pongiste. Pour la photo, c'était quand même mieux ! » rouspète sa femme, Janine. Tant pis pour le maillot aux couleurs mercéennes. Cela ne nous empêchera pas de taper la causette et de remonter la pendule du temps.
« Un sport que j'aime bien »

« Le ping-pong ? J'en fais depuis mes 14 ans ! À l'époque, j'étais apprenti SNCF, on jouait sur des tables en fer avec des raquettes en bois... Je n'ai arrêté que le temps de mes trois ans de soldat en Tunisie. On faisait du sport, mais dans la guérite, avec la mitraillette... Les balles partaient plus vite... », raconte l'ancien roulant. Certes, en ces temps anciens, le gamin aurait pu opter pour le basket, mais les paniers et surtout les matches en extérieur, ce n'était pas son truc. « Il a aussi fait du foot. Ce n'était pas en salle, mais il rentrait sale », plaisante Janine. Entre elle et son sportif de mari, la balle est aussi vite renvoyée. Quand l'un parle, l'autre rebondit d'un revers que l'on n'entend pas forcément venir.

Pourquoi tant de passion pour la discipline ? « Parce que c'est un sport que j'aime bien », répond le septuagénaire. Oui mais pourquoi ? « Parce que ça développe un peu tout, un peu les guiboles, un peu la ciboule et les réflexes ». Et pour entretenir tout ça, pas question de manquer les entraînements. Michel s'astreint à une, voire deux séances par semaine. « Faire la route le soir jusqu'à Mercy-le-Bas, ça représente 24 km aller-retour. En hiver, c'est pas forcément facile... Et puis, c'est sûr, je fatigue plus vite... » Janine opine du chef. « C'est un vieux de la vieille ! Même opéré de la cataracte, il joue toujours et sans lunettes ! Si ça lui plaît, c'est bien. Moi, j'ai mon jardin, mes fleurs et j'ai élevé mes trois gosses ! »

« En mai, j'arrête, c'est sûr ! »

Michel, lui, sans oublier d'être aux petits soins pour ses arbres fruitiers et ses légumes, ne se sépare jamais de ce qu'il appelle sa "pelle". « Depuis sept ou huit ans, c'est toujours la même. Elle est au garage, dans le coffre de la voiture, toujours prête à servir. Au Maroc, j'ai joué contre un gars de Metz, à La Clusaz, j'ai pris une déculottée ! », sourit-il. Les yeux bleus du compétiteur s'illuminent d'un coup : « Ce n'est pas l'essentiel, mais, comme à la belote, je ne joue pas pour perdre ! » Puis, en feuilletant le carnet de la saison 2013-2014, il promet : « En mai, j'arrête, c'est sûr ! De toute façon, il faudra bien arrêter un jour... »

En attendant, ce dimanche matin, en division 3, Michel et ses coéquipiers de Mercy affrontent leurs adversaires de Briey 1. « Ce sera coriace ! » promet le doyen du petit club, qui est l'un des plus anciens de la Ligue Lorraine. Avant de partir, Janine nous montre les coupes alignées tels des trophées sur le buffet de la salle à manger : « Il y en a douze, sans compter les médailles ! J'en ai tout un sac », conclut le champion. Tout simplement, sans gloriole, juste avec une once de fierté bien placée.
M.-O. C.

 
 © Le Républicain Lorrain, Dimanche le 20 Octobre 2013 / MMN /