Au chevet du ping-pong

Président, entraîneur, joueur et accessoirement docteur : bienvenue dans le quotidien surchargé de Bruno Remignon. Rencontre avec le pilier hyperactif de l'US Tennis de Table de Briey, en quête de reconnaissance pour son club.

Nous avions un challenge, repartir de zéro, et nous l'avons relevé. » Dans ces propos transpire une fierté, immense et méritée. Bruno Remignon a ressuscité, en 2009, le club de tennis de table de Briey. En état de mort clinique, la section est sortie de sa léthargie grâce aux bons soins de ce pneumologue dans le civil. Pourtant, lorsqu'il avait quitté un club en pleine déliquescence en 2006 après plus de deux décennies de bons et loyaux services, le "doc" s'était promis de ne plus faire machine arrière.

Déçu, « dégoûté » même par le manque de goût de l'équipe dirigeante de l'époque pour la formation des jeunes joueurs, il s'était résolu à signer pour le club de Jarny : « Et puis, lorsque j'ai appris que l'USTT avait périclité, j'ai remis le doigt dedans. »

En l'espace de trois saisons, la section a connu une progression exponentielle. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 7 adhérents la première saison, 30 la deuxième et désormais 50 licenciés. Fierté locale exhibée sur un pan de mur de la salle d'entraînement, un article paru dans Le pongiste lorrain salue la montée en puissance de la formation. Jeu, set et match ? Non, car entre Briey et le tennis de table, les bonnes intentions se perdent souvent au filet.

Si par le passé, les pongistes manquaient de moyens humains, aujourd'hui ce sont surtout les moyens matériels qui font défaut : « Nous nous félicitons de la subvention conséquente de la ville. Mais si notre salle d'entraînement est parfaitement adaptée à la pratique du tennis de table, nous ne pouvons en revanche utiliser que deux tables. Or, il en faut six pour assurer les entraînements, diagnostique Bruno Remignon. Nous ne pouvons également répondre à une proposition de la Ligue Lorraine qui projetait des séances communes avec des clubs voisins. Cela devient problématique. » Et vogue la galère...

Ces difficultés structurelles pourraient, à terme, stopper la courbe de croissance du club. Le bon exemple venant d'en haut, l'équipe première ne cesse de gravir les échelons dans la hiérarchie départementale. Repartie de l'anonymat de la Départementale 4 en 2009, l'USTT Briey vient de valider son billet pour la Départementale 2. Et là encore, il faut y voir la patte de Bruno Remignon, l'arme fatale de l'équipe.

C'est d'ailleurs lorsqu'il "passe à table" qu'il se ressource : « Le jeu, j'adore ça. La victoire, la gagne me motivent. Mon point fort, c'est la défense car je n'ai découvert le tennis de table qu'à l'âge de 26 ans. C'est tardif donc il valait mieux, à l'époque, se blinder dans ce secteur du jeu pour faire face aux autres. »

Se défendre pour exister apparaît comme la philosophie de ce président-entraîneur-joueur. Hyperactif, il n'est pas rare qu'il entraîne les jeunes du club tout en étant de permanence à l'hôpital Maillot. L'oeil rivé sur le téléphone de garde, « il m'arrive de me rendre en intervention avec le survêtement du club ». C'est ce qui s'appelle l'amour du maillot. Même si, comme dans toute relation passionnelle, peuvent surgir quelques dissensions : « Parfois, j'éprouve une certaine lassitude. Mais dès qu'un jeune lâche un sourire après avoir réussi un coup gagnant, je replonge. » C'est ce qui s'appelle une dépendance, docteur...
Jean-Michel Cavalli.

 
© Le Républicain Lorrain, Vendredi le 16 Décembre 2011 / MMN /