Au début de l'entretien, Timéo ne pipe mot. Lui, c'est avec une raquette de tennis de table qu'il s'exprime. Mais au fil de la discussion avec son père, la graine de champion se laisse gagner par la volonté de libérer la parole. En hyperactif reconnu qu'il est.
C'est cette énergie qui le conduit à briller aux diverses tables des tournois, critériums et autres compétitions. L'enfant de la balle sort de sa bulle : « J'aime jouer au tennis de table. Je ne sais pas pourquoi j'aime ce sport. Mais je ne m'en lasse pas, je m'amuse. » Et efficacement puisque le petit Briotin de 9 ans enchaîne les victoires.
Déjà en Nationale 2
« Il est vraiment doué. Je ne serais pas surpris de le voir un jour passer professionnel », sourit Christophe, son papa. Et ce n'est pas (uniquement) le coeur d'un paternel qui parle. La tête sur les épaules, ce militaire analyse les choses avec la rigueur dont il a fait sienne.
De toute façon, les performances de son fils parlent pour ce dernier. Après seulement trois ans de pratique, Timéo évolue déjà... en Nationale 2 ! « Il fait partie des trois meilleurs Lorrains dans sa catégorie (benjamins) », dit de lui son père, fier et admiratif. Le week-end dernier, le petit bonhomme a tapé dans la balle et surtout dans l'oeil de nombre d'observateurs, lors du tournoi régional de Briey. Inutile de préciser qu'il a terminé premier dans sa tranche d'âge. A partir de lundi, le futur champion va suivre une semaine de stage de perfectionnement, à Pont-à-Mousson. Huit heures de tennis de table par jour.
« Il adore ça. Pendant les critériums, entre deux matchs, il continue de jouer sur une table. » Christophe a deux autres fils, 13 et 16 ans, qui ont commencé à peu près en même temps que Timéo, voilà trois ans. Et pour le quadragénaire, il n'y a pas photo : la courbe de progression de son benjamin est la plus impressionnante. « Plus on débute jeune, plus on progresse vite. Surtout lorsqu'on est bon. »
Au passage, l'homme du 40e Régiment de Thionville se défend d'être un père carriériste pour son fils. « J e ne suis pas comme le père des soeurs Williams au tennis », s'amuse l'intéressé, lui-même adepte de la balle jaune à ses heures. Timéo, lui, a choisi la petite balle blanche pour cette raison : « A force de regarder des matchs sur Internet et à la télé (merci aux rares chaînes de la TNT d'avoir joué le jeu de la diffusion), le tennis de table m'a plu », lâche l'élève de CM1, scolarisé à Louis-Pergaud. Armé de talent et doté d'une belle mémoire, le jeune pongiste se souvient des adversaires qu'il a rencontrés ces derniers temps et des performances qu'il a signées. « En même temps, ses adversaires sont ses copains. Ils ont l'habitude de se retrouver. »
Intégrer un Pôle Espoirs
Plus déroutants en revanche sont les matchs avec un public plus âgé. Il n'est pas rare que Timéo joue contre des adultes, quand il évolue avec son équipe de l'US Briey TT, en Départementale 3. « Je voudrais bien jouer en D1 mais mon papa ne veut pas pour l'instant. » Christophe préfère modérer les ardeurs de son jeune prodige. « Je ne voudrais pas qu'il soit un jour dégoûté du tennis de table à force de jouer à un niveau supérieur qui lui met une certaine pression. Chaque chose en son temps, ne brûlons pas les étapes. »
La prochaine, justement : l'intégration d'un Pôle Espoirs, dans un an et demi. Ici en Lorraine ou bien en Alsace. « A Strasbourg, je pourrais être avec mon copain Vincent ! », s'enflamme Timéo. Une volonté de couper le cordon avec le domicile familial, signe d'une belle maturité seyant aux grands champions...
G. I.
© Le Républicain Lorrain, Samedi le 18 Février 2017 / MMN /
Parmi les trois meilleurs Lorrains
