SLUC, année zéro

Période charnière Après la disparition de son équipe en Nationale, le SLUC Nancy a lancé l'opération reconstruction

Nancy. C'est un mercredi comme les autres à la salle Michel-Ney de Nancy. Autour de la douzaine de tables soigneusement réparties dans l'espace, une vingtaine de gamins finissent leur entraînement sous le regard éclairé de Vanessa Thouaille, l'entraîneur du club, pendant que d'autres minots s'apprêtent à prendre la relève. Ce défilé rythme chaque mercredi de la vie du club. Mais pas de quoi mettre le SLUC Nancy dans le rouge en terme d'accueil. Avec un peu moins de 80 licenciés, le club nancéien est loin de ses années dorées. Au milieu des années 2000, il dépassait la barre des 200 licences.

Mais à quoi bon comparer ? Car les chiffres bruts ne disent pas les tempêtes qu'a traversées le SLUC Nancy depuis. Accablé par les dettes (13.000 euros officiellement mais certainement davantage), le SLUC Nancy a été obligé de casser sa vitrine au printemps dernier et de mettre en sommeil son équipe de Nationale.

Un pan d'histoire qui s'envole, la quasi-totalité des cadres qui s'en vont à l'image de Nicolas Pujol et Loïc Dauphin chez le voisin néodomien et une page douloureuse à tourner. « Aujourd'hui, c'est comme si on repartait de zéro » admet le président Jean-Louis Clavel, en poste depuis avril.

La levée du redressement judiciaire

La gestion sujette à caution de son prédécesseur Philippe Frey, aux commandes pendant dix-huit ans, le départ grinçant des meilleurs joueurs, le dirigeant les évoque du bout des lèvres mais pour mieux dire qu'il n'a pas envie de polémiquer... « Aujourd'hui, on veut regarder vers l'avant » glisse-t-il comme pour solder définitivement le sujet, « mais c'est vrai que c'est beaucoup plus difficile de reconstruire que de détruire... ». Aujourd'hui, le club a lancé son opération reconstruction en s'attelant d'abord à sortir du rouge financièrement. Un premier objectif en passe d'être atteint. Début novembre, le TGI de Nancy a levé le redressement judiciaire qui pesait comme un fardeau sur le club. Un rayon de soleil qui sonne comme un encouragement pour la suite.

Même s'il y a du boulot pour remonter la pente, beaucoup de boulot. Il y a d'abord cette image de marque abimée par les déboires financiers à redorer. « A une compétition, un dirigeant me disait il y a quelques mois ''pourquoi vous ne changeriez pas de nom ?'' » raconte Sylvie Schletzer, la secrétaire du club, « c'est clair que tout cela nous a fait un peu de tort ».

Et puis, il y a le nerf de la guerre, les licences. Pour remonter la jauge, le SLUC a décidé d'ouvrir ses portes à de nouveaux publics (féminines, baby-ping à partir de quatre ans...). « L'objectif, c'est d'atteindre la barre des cent licenciés en fin de saison » glisse Jean-Louis Clavel. Mais pour regoûter au niveau national, la route sera longue. Aujourd'hui, l'équipe «une» du club est à la lutte pour monter en... R2.

Et si David Gasparotto est resté au SLUC où il occupe le poste de trésorier, il est le seul joueur numéroté au club (il est n°429). Derrière ? Aucun 20, aucun 19 ni même de 18.

Mais le club nancéien compte sur les qualités de formatrice de sa salariée Vanessa Thouaille pour former la relève. « On est encore loin de former de futurs champions de France » prévient la technicienne, « mais on a plus de joueurs inscrits en individuels sur le plan départemental et c'est déjà bon signe ».

A terme, le club espère tirer les bénéfices de cette politique de formation si longtemps délaissée pour se donner les moyens de regoûter à la Nationale. « L'idée, c'est de retourner en Elite ou en N3 dans les trois ans, et revenir en N1 dans les cinq ans » lâche Jean-Louis Clavel, « si on peut aller plus vite, tant mieux. Mais ça ne sert à rien de brûler les étapes et se recasser la figure... ». Chat échaudé...

Anthony GUILLE

 
 © L'Est Républicain, Jeudi le 03 Janvier 2013 / Sports Lorraine