La vitrine est cassée

Nancy. C'était le 14 avril dernier. Battu à Boulogne-Billancourt lors de l'ultime journée de Nationale 2, le SLUC Nancy ratait le train de la N1. Si on évoque ce match, c'est parce qu'il marque la fin d'une longue aventure, celle du club nancéien en Nationale.

Miné, rongé, accablé par les problèmes financiers, le club nancéien a décidé de scier sa branche la plus coûteuse, celle de son équipe fanion. Avec un déficit de 23.000 euros pour un budget total compris entre 80.000 et 100.000 euros ces dernières années, le club ne pouvait plus assumer le fonctionnement de son équipe ''une'' d'autant que les arriérés de salaire de ses joueurs tournaient peu ou prou autour des 20.000 euros.

Si le dépôt de bilan a été évité de peu grâce à un versement exceptionnel de la part d'un proche du SLUC, et si le club espère obtenir la levée du redressement judiciaire début juillet, la disparition de l'équipe de Nationale est une déflagration dans le ciel du ''ping'' lorrain. Cela faisait une trentaine d'années qu'elle se mêlait aux joutes nationales.

Une trentaine d'années à faire figure de locomotive du tennis de table meurthe-et-mosellan dans le sillage de joueurs emblématiques comme Nicolas Pujol, Andrzej Jakubowicz, Sébastien Rigoni ou auparavant Jean-Denis Constant, Lilian Lavallée ou encore Michel Hoffstetter pour n'en citer que quelques-uns.

Un pan d'histoire balayé pour une affairec de sous. Pas une énorme surprise quand on connaît les soucis financiers que traîne le club de longue date. Des soucis qui se sont accentués lirs de la saison passée en Pro B, en 2005/2006. A l'époque, les recrutements de l'Anglais Alexander Perry et surtout du Chinois Zheng Huang s'étaient révélés plus coûteux que payants.

Six ans plus tard, le club nancéien n'est toujours pas sorti du rouge et ce malgré les subventions et la mobilisation des partenaires il y a un peu plus de deux ans. Président du club pendant près de dix-huit ans avant d'être remplacé par Jean-Louis Clavel en avril, Philippe Frey assume sa part de responsabilité et reconnaît des erreurs de gestion (voir par ailleurs).
Une équipe une en R3 !

Quant à la nouvelle équipe dirigeante, elle n'a pas l'intention de ruminer le passé. « Je n'ai pas de jugement à porter et je préfère regarder devant » tranche le nouveau président nancéien, « on va repartir en Régionale 3 et on va se tourner vers la formation. On a de bons jeunes au club. Après, ça prendra un peu de temps pour remonter mais c'est un challenge intéressant ».

Aucune aigreur dans les propos du dirigeant. Si la vitrine est cassée, le SLUC a choisi de se concentrer sur l'arrière-boutique. Seul emploi salarié au club, la cadre technique Vanessa Thouaille sera ainsi chargée de creuser le sillon de la formation si longtemps délaissée ces dernières années, tout en essayant de faire grimper la barre des licenciés, légèrement supérieure à la centaine actuellement.

Une orientation respectable même si le fait de voir l'équipe ''une'' évoluer désormais en R3, au même niveau que la... sixième équipe de Neuves-Maisons, peut légitimement laisser perplexe pour une ville de la taille de Nancy.

« Mais on reviendra peut-être un jour en Nationale » tente de positiver Jean-Louis Clavel. Même si le SLUC a demandé à la Ligue une dérogation pour intégrer la R1 (sans réponse pour l'heure...), le chemin sera long, très long pour remonter les marches d'autant que quasiment tous les joueurs ont fait leurs valises (voir par ailleurs).

Avec sans doute une grosse boule dans le ventre. A Nancy depuis une vingtaine d'années, Nicolas Pujol était par exemple loin de s'imaginer vivre des adieux de ce type. Oui, vraiment, un beau gâchis...

Anthony GUILLE

 
© L'Est Républicain, Vendredi le 08 Juin 2012 / Sports Lorraine